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DES INNOCENTS.

I’abbaiſſeray la haulte branche,
Pour donner à l’Enfant du fruit
D’vne volonté pure & franche.

MARIE.

Pere du Filz dont ſuis l’humble ſeruante,
Fille de toy qui me rendz treſſçauante,
Qu’en toy y a Nom de paternité :
Tu m’as fait Mere, & telle ie me vante,
Que touſiours ſuis ta volonté ſuyuante.
Par pure grace, en moy humanité
Ton Filz a prins, par ta benignité ;
Vn corps ſemblable à la chair de peché,
Pour en ce corps tuer la vanité
D’Adam par qui le monde estoit taché.
L’homme, qu’est ce, que tu as eu memoire
Ainſi de luy, qui d’obſcurité noire
L’as en lumiere & clarté retiré ?
Viſité l’as, le faiſant en toy croire,
Puis couronné & d’honneur & de gloire,
En luy donnant ce qu’il a deſiré.
C’eſt toy ſon Tout ; qui à toy l’as tiré,
Le faiſant Dieu, & enfant du treshault,
Apres l’auoir iuſqu’au bout martyré ;
En confeſſant que de ſoy rien ne vault,
Rememorant tes graces & tes dons,
Ta charité baillant à tous pardons,

s 2       Ta