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DE L’ADORATION

Et fi te tiens iuste felon la Loy,
Par moy fera bien toft ton cœur tenté ;
Car par dehors dedens tourmenté
Te fentiras ; mais n’en prens nulefmoy.
Si accorder te peux auecques moy,
Souffrant en paix mon execution,
Tu congnoistras que des tiens de toy
Le prouffit vient de Tribulation.
MELCHIOR.

Tes motz font durs, ta parole eft rebelle,
L’œil de l’esprit (pourtant) te treune belle ;
Mais ceste Chair qui eft fy molle tendre,
Te treuue laide, fafcheufe & rebelle.
Si váy ie bien que ta puiffance eft telle,
Que vueille ou non, à toy me faudra rendre ;
Fuyr ne peux, car par tout me peux prendre.
Et moy qui fçay dont te vient tel pouoir,
Patiemment tes coups ie veux attendre,
Sans refister à ton diuin vouloir.
TRIBV LATION.

Reçoy ce coup, que dens ton cœur foit mis ;
C’eft, que Dieu prend tes plufprochains anys,
Et ou ton cœur faifoit ferme feiour ;
Esleuer veult tes mortelz ennemys,
Aufquelz il veult que du tout fois foubsmis :
Car quitter fault la hayne, außi l’amour.

Ce