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LETTRES INÉDITES

ble digne surtout d’estre entretenu, non seulement pour sa véhémente amour de l’estude, mais encore parce que ayant desjà faict tant de progrès, il seroit dommage qu’il feust retiré de ceste carrière. Son style en latin non seulement est pur et singulièrement élégant, mais il s’y trouve aussy une certaine abondance très agréable. Et ses mœurs sont très pures. Ce sera une aumosne vrayment royale au profit de l’église chrestienne

que d’entretenir et nourrir tels esprits.

Le très sainct prophète Isaïe louant ceste sorte d’aumosnes, dict

que les

roynes seront

les nourrices des studieux de l’Évangile, au nombre desquelles l’Église vous met depuis long temps par tout l’univers, et vous citera jusques à la dernière postérité, car entre toutes les vertus que

la véritable Église cultive avec un grand zèle, la reconnaissance est au premier rang. Enfin je supplie vostre altesse de prendre ma lettre en bien et m’avoir esgallement pour recommandé parmy les studieux des arts libéraux. Je souhaite à vostre altesse santé et prosperité. Aux ides de juin, l’an de Jésus-Christ M. D. XXXIV. 108. — A MON NEPVEU, M. LE GRANT-MAISTRE. (Été de 1534.)

Mon nepveu, ce porteur vous fera mon escuze de ce que ne vous ay escript par le roy de Navarre qui est party maintenant d’icy, et a pris les deux lettres