Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée
140
NOTICE

ces dix années parmi les plus précieuses de sa vie.

Il est donc tout naturel de voir Dolet adressant une épître à la reine de Navarre, écrire en tête A la seule Minerve de France. Il n’était que l’écho de tous les savants contemporains. François Habert, protégé de Marguerite, lui fait décerner l’immortalité par Apollon lui-même, au sommet du Parnasse. Antoine Dumoulin lui dédiait son édition de Desperriers (Lyon 1544) ; Vatable, ses Commentaires sur la Bible ; Jean Bouchet, son Labyrinthe de fortune ; Jean Brèche, ami de Bouchet , son Manuel royal de la doctrine et condition du Prince, traduit de Plutarque et d’Isocrate ; Nicolas Mauroy, de Troyes, sa Traduction en vers des hymnes de l’Église ; Antoine Lemasson, sa Version de Boccace. Je ne parle pas de Marot, ni de Victor Brodeau, ni de Saint-Gelais, dont les vers et la reconnaissance sont assez célèbres. A la mort de Marguerite, les regrets des littérateurs éclatèrent de toutes parts. Scévole de Sainte-Marthe et de Thou furent les principaux interprètes des historiens et des philosophes ; des voix innombrables s’élevèrent au nom des poëtes. On remarqua surtout trois jeunes Anglaises, trois sœurs, doublement illustres l’éclat de la naissance et par celui de l’esprit, Anne, Marguerite par