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LA COCHE.

Quand de douleur verrez les leurs couvers,
En regardant leur Amour qui se rompt ?
Jouyrez vous du voir et du parler
De vostre Amy, par grand esjouyssance,
Quand elles n’ont d’un tel bien jouyssance ?
Les lairrez vous ? ne le vueillez celer.
D’autre costé, l’Amour du plus loyal,
Du plus parfait qui soit dessus la terre,
Me vient mener une cruelle guerre,
En me disant : Pensez au plus grand mal.
Vous sçavez bien qu’en laissant vostre Amy,
Duquel si bien avez esté servie,
Vous luy ostez soudainement la vie,
Car son cœur est du vostre le demy.
Que fera il se voyant separé
De sa moytié ? Croyez qu’il ne peult vivre.
Sera chacun des cœurs d’elles delivre
De leur ennuy le voyant esgaré ?
Si vostre mort leur apportoit secours,
Droit à la mort il vous faudroit courir.
Mais un Amy loyal faire mourir
Sans leur servir, c’est estrange discours.
Las ! quel Amy est ce que vous laissez ?
Vous n’en sçavez au monde un plus parfait ;
Et nul bien n’ont les deux en ce beau fait,
Fors que leurs maux par le vostre oppressez.
Voilà comment les deux Amours ensemble