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LA COCHE

Qu’avec honneur je povois sa requeste
Bien acorder ; et puis par longue queste,
Par long service,
Par forte Amour, qui faisoit son office,
Gaigna mon cœur, voyant le sien sans vice.
O la victoire
Dont le vaincu recevoit telle gloire
Que le vainqueur ! Helas ! qui eust peu croire
Qu’elle eust duré
Si peu de temps, ny que j’eusse enduré
Si longuement mal si desmesuré
Sans souffrir mort ?
Helas ! jugez, mes Dames, si son tort
N’est pas égal à l’Amour qui trop fort
Mon cœur tourmente.
Et si autant ne suis leale amante
Comme il est faux ! Dont si je me lamente,
J’ay bien raison.
En me cuydant tromper par trahison,
Luy mesme ha beu ceste amere poison
Qui tant le blesse.
Il est puny par beauté et rudesse ;
Mais son ennuy n’amoindrit ma tristesse.
Car son cœur lasche
M’ennuye fort, et me desplaist qu’il fasche
A celle là, qui ne peult avoir tache
D’avoir permis