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LA COCHE.

Mais de son mal je suis si mal contente,
Et en soustiens douleur si vehemente,
Que plus n’en puis.
Je suis quasi dessus le hort de l’huys
De desespoir, et ne crains profonds puyts
Ny haute tour,
Où volontiers, sans espoir de retour,
Ne me jettasse, pour deffaire l’Amour,
La paction,
Le souvenir, memoire, affection,
Qui de mon mal sont generation
Si importable,
Et, qui pis est, si irremediable,
Qu’à ma douleur n’en est nulle semblable.
Je l’ay aymé
De si bon cœur, tant creu, tant estimé,
Que cœur et corps estoit tout abismé
En l’amitié
Que luy portois. Encor ay je pitié
D’ainsi le voir puny et chastié
De son peché.
Helas, mon Dieu, comment s’est il fasché
De mon Amour, et ainsi destaché ?
Onques offense
Je ne luy feis, fors que la resistence
Pour quelque temps, où il feit telle instance,
Et si honneste,