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LA PREMIERE DAME.

Et il me fault, maugré tout mon désir,
Vous estranger
Et vous traiter trop pis qu’un estranger,
En espérant vostre propos changer
Et à la fin à raison vous renger
D’amour commun,
Laissant celuy qui est trop importun,
Duquel jamais n’en vis eschapper un
Sage et content. Et toutesfois chacun
S’en veult mesler.
Mais pour le mieux je vous conseille aller
Autre chemin, et plus ne me parler
De ce que tant m’avez voulu celer ;
Et vous en prie,
Vous asseurant qu’onc ne seray marrie
Qu’autre que moy ayt sur vous seigneurie,
Par qui sera vostre douleur guarie.
Car, par ma foy.
Vous ne povez avoir secours de moy :
Trop peu j’estime et Amour et sa Loy.
Mais si long temps en ce propos vous voy,
Vous en mourrez,
Et de ma mort la cause vous serez.
Retirez vous, car rien n’y gaignerez.
Fors que l’ennuy que vous me causerez.
Allez ailleurs :
Dix mille endroitz vous trouverez meilleurs,