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comédie.


La seconde Fille.

O qu’ilz sont sotz et vuydes de raison,
Ceux qui ont dit une amour vertueuse
Estre à un cœur servitude et prison,
Et, pour aymer, la Dame malheureuse !
Leur faux parler ne me rendra paoureuse
D'aymer tresfort, sachant que tout le bien,
Au prys d’Amour, se doit estimer rien :
Car qui Amour ha dans son cœur enclose,
Il trouvera liberté son lyen.
Et ne sçauroit désirer autre chose,

La I. Fille.

Mieux me vaudroit tenir la bouche close
Que soustenir qu’il vault mieux à un cœur
D’estre vaincu, que d’estre le vainqueur
De ceste Amour que vous louez si fort,

La II. Fille.

Comme vaincu ? Mais il en est plus fort :
Car le cœur seul, sans Amour, n’est que glace ;
Amour est feu, qui donne lustre et grace,
Vie, vertu, sans qui le cœur n’est rien.

La I. Fille.

La liberté est suffisant moyen