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de moutons, ni dans la province de Mangi ; mais il y a une grande quantité de bœufs, de chevreaux, de boucs, de porcs. À quatre journées de chemin, on rencontre une autre belle ville, nommée Ciangiam (Soui-tchang-hien, chef-lieu d’un canton du département de Tchou-tcheou), qui est bâtie sur une montagne, laquelle montagne partage une rivière en deux parties, qui prennent leur cours par des chemins tout opposés. À trois journées plus loin, on trouve la ville de Cugui, qui est la dernière de la province.

LXVII
Du royaume de Fugui.


Ayant laissé derrière soi la ville de Cugui, on entre dans le royaume de Fugui (Fou-Tcheou) où, après avoir marché six jours, il faut aller par des montagnes et des vallées, où l’on trouve beaucoup de villes et de châteaux. Ce pays-là produit en quantité tout ce qui est nécessaire à la vie ; la chasse y est aussi abondante, tant pour les bêtes sauvages que pour les oiseaux, et il y a des lions en quantité. Le gingembre croît là en abondance ; il y croît aussi une certaine fleur assez semblable au safran, c’est d’une autre espèce, quoiqu’on s’en serve au même usage. L’on mange de la chair humaine en ce pays-là avec grand plaisir, pourvu que les hommes ne soient pas morts de maladie. Quand ils vont à la guerre, ils se font à chacun une marque au front avec un fer chaud ; et il n’y a parmi eux que le général seul qui aille à cheval. Ils se servent de lances et de boucliers ; et quand ils ont tué quelqu’un de leurs ennemis, ils en boivent le sang et en mangent la chair : car ce sont des gens très cruels.