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ment et prié instamment son mari de ne se jamais remarier qu’avec quelque fille de sa famille. De sorte que le roi Koubilaï leur accorda ce qu’ils demandaient, et choisit pour femme au roi Argon une fille de sa race nommée Gogatim, âgée de dix-sept ans, qu’il leur confia pour la lui mener. Ces envoyés devant partir pour conduire cette nouvelle reine, et connaissant l’ardent désir que les Vénitiens avaient de retourner en leur pays, prièrent le roi Kubilaï que, pour faire honneur au roi Argon, il leur permit de partir avec eux et d’accompagner la reine aux Indes, d’où ils pourraient continuer leur voyage en leur pays. L’empereur, pressé de leur sollicitation et de la demande des Vénitiens, leurs accorda, quoique à regret, ce qu’ils demandaient.

X
Leur retour à Venise.


Ils quittèrent donc la cour de Koubilaï et s’embarquèrent sur une flotte de quatorze navires chargés de munitions ; chaque navire avait quatre mâts et quatre voiles. Ils reçurent, en s’embarquant, deux tables d’or, ornées des armes du roi, qu’ils devaient montrer à tous les commandants des provinces de son empire, en vertu desquelles on devait leur fournir les provisions et autres choses nécessaires pour leur voyage. Le roi leur donna pour adjoints des ambassadeurs tant pour le souverain pontife que pour quelques autres princes chrétiens. Et après trois mois de navigation ils arrivèrent à une certaine île nommée Jana, et de là, traversant la mer Indienne, après beaucoup de temps ils arrivèrent au palais du roi Argon. Ils lui présentèrent la fille qu’il devait prendre pour femme, mais il la fit épouser à son fils. Des six cents hommes que le roi avait envoyés pour amener la nouvelle reine, plusieurs moururent en chemin et furent regrettés. Or nos Vénitiens et les ambassadeurs qui