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De la grande Isle de Seylam.     Chap.   XXII.



De ceste isle tirant selon le cours du vent de Garbin, jusques a la grande isle de Seylam, on y trouve de distance environ trois cens quarante lieuës. Laquelle isle de Seylam est estimée l’une des meilleures & plus fameuses isles du monde, ayant de tour & cricuit de six a sept cens lieuës, encores que autresfois elle ayt esté plus grande & spacieuse : car le bruit commun est au pays que au temps passé elle contenoit douze cens lieuës de circuit : mais que le vent septentrional par plusieurs années tellement esmeu la mer circonvoisine, que par les undes & flotz impetueux, elle à par succession de temps miné & retranché les rivaiges de l’isle, en sorte que mesmes les haultes montaignes ont esté ruinées & precipitées en l’eaue, & que de jour a autre grande espace de terre est abismée en la mer. Ceste isle est gouvernée par un Roy fort riche & opulent, & qui n’est tributaire ne subject a aucun. Les habitans sont idolatres, & vont tous nudz comme bestes, hors mis qu’ilz couvrent leurs parties honteuses d’un linge. Ilz n’ont aucuns bledz fors du riz dont ilz font leur pain, duquel vivent é de laictages. Ilz ont grande abondance de graine de Sosyme de laquelle ilz font de l’huille. Et au regard de leur vin & boytures ilz l’extrayent des arbres en la maniere cy dessus descripte. De ceste isle proviennent infinies pierres precieuses, comme ru-