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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

défavorable en conséquence d’une dépréciation de la monnaie, il n’est pas tel réellement, mais nominalement ; car cela peut avoir lieu dans le temps même où les exportations égalent les importations. Et n’oubliez pas non plus, que la différence, produite par le change dans la vente et l’achat des lettres de change, n’est, en ce cas, ni une perte ni un gain pour ceux qui les négocient, et n’a aucun effet sur l’exportation ou l’importation.

CAROLINE.

Mais est-il aisé de distinguer deux causes si semblables dans leurs effets, et de reconnaître en tout temps laquelle des deux fait varier le change ?

MADAME B.

Loin de-là : c’est une question qui a donné lieu à beaucoup de discussions, en particulier dans la dernière guerre. S’il est vrai que la monnaie courante ait été multipliée au delà du besoin, on peut l’envisager comme ayant été dépréciée, et comme ayant affecté nominalement le change.

D’un autre côté, comme le système de guerre dans lequel on avait été jeté, était singulièrement défavorable à nos exportations, la balance de la dette étrangère était fort contre nous, et la dépense de faire passer de l’or considérablement accrue. Sous ce rapport, on peut dire que le change était devenu réellement défavorable.

Il est probable que les deux causes ont agi, et ont contribué ensemble à produire dans notre change la grande baisse qui a eu lieu pendant la guerre.

Après toutes les recherches faites sur les sujets dont nous venons de nous occuper, on voit subsister encore, même parmi nos législateurs, l’ancien préjugé populaire sur la balance du commerce. Aujourd’hui encore on trouve des personnes prêtes à féliciter ce pays de ce que les exportations surpassent les importations, et de ce qu’en conséquence le solde en argent nous reste dû, ce qui leur paraît un gain pur.

CAROLINE.

Ceux qui ont cette opinion savent-ils que cet argent ne nous serait pas dû, si nous n’avions pas exporté un surplus de marchandise égal en valeur ?