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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

l’objet unique de l’économie politique est d’étudier les causes qui ont agi de concert pour enrichir et civiliser une nation. Cette science se fonde donc essentiellement sur l’histoire ; non sur celle des rois, des guerres, des intrigues de cour ; mais sur l’histoire des arts, du commerce, des découvertes et de la civilisation. Nous voyons quelques pays, tels que les États-Unis d’Amérique, marcher d’un pas rapide vers la richesse et la prospérité ; tandis que d’autres, comme l’Égypte et la Syrie, s’appauvrissent, se dépeuplent, et tombent dans la dernière décadence. Quand on se fait une juste idée des causes qui produisent ces effets opposés, on peut former un jugement sur les mesures adoptées par les gouvernements pour procurer le bonheur des peuples ; on voit s’il est convenable d’encourager telle ou telle branche de commerce aux dépens des autres ; de prohiber telle ou telle marchandise ; de donner à l’agriculture des encouragements particuliers ; de régler par des lois le prix des denrées et le prix du travail ; ou s’il convient mieux de les laisser libres, etc.

Vous voyez donc que l’économie politique a deux parties ; la théorie et la pratique ; la science et l’art. La science comprend la connaissance des faits que nous venons d’énumérer ; l’art se rapporte plus particulièrement à la législation, il consiste à faire ce qui est requis pour accroître la richesse nationale et à éviter ce qui lui est préjudiciable. Des erreurs en théorie en produisent dans la pratique. Quand nous entrerons dans les détails, nous aurons occasion d’observer que les gouvernements, égarés par de fausses notions sur l’économie politique, ont arrêté souvent le progrès naturel de la richesse, tandis qu’il était en leur pouvoir de l’accélérer.

CAROLINE.

Mais puisque l’univers était dans l’origine un désert sauvage, et qu’il n’a pas laissé d’arriver à cet état de civilisation avancée auquel nous le voyons parvenu, les erreurs des gouvernements ne peuvent avoir été fort préjudiciables.

MADAME B.

Les causes naturelles, qui tendent à développer la richesse et la prospérité des nations sont plus puissantes que les fautes d’administration qui opèrent en sens contraire. Il n’en est pas moins vrai que ces erreurs font beaucoup de mal ; qu’elles arrêtent l’industrie