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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Je pourrai, j’espère, vous aplanir le chemin. J’ai eu le bonheur de passer une grande partie de ma vie dans une société où cette science était un sujet fréquent de discussion ; l’intérêt que j’y prenais m’a engagée à l’étudier dans les ouvrages les plus estimés ; mais je dois vous avouer ingénument que je n’ai pas commencé cette étude en ouvrant ces ouvrages au hasard, ou en consultant Adam Smith sur quelque point isolé, avant d’avoir examiné son plan, ou avant d’avoir compris l’objet que ces écrivains avaient en vue. Je savais que pour apprendre il fallait commencer par le commencement. Si maintenant vous croyez que mon expérience puisse vous être utile, et si vous vous contentez d’une explication familière de ce qu’ont fait des hommes d’un talent et d’un savoir reconnus, je tenterai de vous servir de guide dans l’étude des premiers éléments de cette science, sans avoir la présomption de pénétrer dans ses parties les plus profondes et les plus difficiles.

CAROLINE.

Hé bien donc, me voilà décidée à en faire la tentative. Vous avez pour moi trop de bonté, madame B., de me permettre de devenir encore une fois votre élève. Mais vous êtes si pleine d’indulgence, que je ne crains point de vous laisser voir mon ignorance à découvert par les questions que j’aurai à vous faire, et qui mettront, je crains, votre patience à une rude épreuve.


CONVERSATION II.


INTRODUCTION, Suite.

Définition de l’économie politique. — Origine et progrès de la société. — Rapports de l’économie politique à la morale. — Définition de la richesse.
CAROLINE.

J’ai beaucoup rêvé à l’économie politique depuis hier, ma chère madame B. ; mais je crains bien que ce n’ait été sans fruit ; du