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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

dessus de sa valeur naturelle et l’intérêt du peuple qu’il se vende au-dessous ?

MADAME B.

Si nous étendons nos vues au delà du moment présent, nous verrons, que l’intérêt du producteur et celui du consommateur d’une marchandise sont les mêmes, et qu’il est de l’avantage de tous les deux que le prix et la valeur naturelle coïncident. Si le consommateur paie moins pour une marchandise que ses frais de production, les producteurs auront soin d’en diminuer à l’avenir la quantité, afin que la concurrence en élève le prix ; car ils ne peuvent pas, sans s’exposer à la ruine, continuer de fournir au public une marchandise qui ne leur rembourse pas leurs frais ; si d’un autre côté les consommateurs paient plus pour une marchandise que sa valeur naturelle, les producteurs seront encouragés par leurs grands profits, à en augmenter la quantité, et en conséquence le prix tombera, jusqu’à ce qu’il soit réduit à sa valeur naturelle.

CAROLINE.

Je ne comprends pas pourquoi les producteurs d’une marchandise en augmenteraient la quantité, s’il doit en résulter pour eux une diminution de profit ?

MADAME B.

Nous raisonnons dans la supposition que la concurrence est libre et ouverte ; et dans ce cas, vous savez, que le capital coule immédiatement vers toute branche d’industrie qui donne des profits extraordinaires ; si donc les producteurs primitifs de la marchandise lucrative n’en augmentaient pas la quantité, ils rencontreraient bientôt des rivaux, qui les forceraient à baisser leurs prix, sans augmenter leurs ventes.

M. Buchanan emploie à cet égard une expression fort heureuse : « Le prix est la balance délicate, avec laquelle la nature pèse et distribue à ses enfants, les différentes parts qu’elle leur fait de ses dons, pour en prévenir le dégât et les faire durer jusqu’à l’époque de la reproduction. »

Nous nous sommes arrêtées assez longtemps sur ce sujet de la valeur ; et maintenant nous sommes en état de conclure, en disant, que diverses circonstances peuvent occasionner une fluctuation