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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Oui ; mais pour la prévenir, les fermiers obtiennent généralement le renouvellement de leur bail, quelque temps avant que le terme en soit expiré. Il serait d’ailleurs contre les intérêts du propriétaire de traiter à cet égard ses tenanciers trop durement, puisque ce serait les décourager de rien entreprendre pour l’amélioration de leurs terres ; avantage que tôt ou tard le propriétaire partage.

Dans les comtés de Stafford, de Nottingham et ailleurs, il n’est pas d’usage de faire des baux ; les tenanciers tiennent leurs fermes au bon plaisir du propriétaire. Il y a toutefois une sorte de convention entre les parties, de ne pas renvoyer le fermier tant qu’il se conduit bien, et de ne pas changer la rente pendant un certain nombre d’années. Quelques personnes croient cet arrangement préférable à un bail fixe, parce que, disent-elles, l’industrie du fermier est excitée par l’espérance et par la crainte ; l’espérance du gain que lui doit procurer son travail, et la crainte d’être renvoyé s’il néglige sa ferme. Mais en raisonnant ainsi, on ne songe pas que la crainte peut agir ici de deux façons ; car plus le fermier améliore, plus le propriétaire, s’il n’est pas libéral, peut être tenté de le renvoyer ou de hausser sa rente. En un mot, rien n’arrête plus les progrès de l’industrie, que le défaut de sûreté dans les profits qu’elle donne ; et comment un fermier peut-il regarder ses profits comme assurés, lorsqu’il dépend, pour les obtenir, de la volonté du propriétaire ?

CAROLINE.

En outre, quelque confiance qu’un fermier puisse avoir dans le caractère personnel de son propriétaire, il doit songer à l’incertitude de la vie, qui peut le mettre dans la dépendance d’un héritier. Celui-ci peut bien être un jeune dissipateur, qui, sans égard à son intérêt éloigné, exigera de ses tenanciers la plus forte rente.

MADAME B.

La sécurité est sans contredit le point le plus important pour l’encouragement de l’industrie ; et le plus grand, ou plutôt le seul encouragement, que le gouvernement puisse donner à l’agriculture, est de faire jouir le fermier, sur sa terre, de toute la puissance nécessaire pour la mettre en parfaite culture, et de lui assurer plei-