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exercices du cheval. « Ce général, dit-il, se trouvant à la tête de trois cents cavaliers, les divisa en deux troupes, avec ordre de s’avancer vivement contre les ennemis ; de sorte que sitôt que la première aurait lancé ses javelots, elle se retirât, et qu’elle fût remplacée par la seconde, qui, après avoir fait sa décharge, se retirait à son tour, et ainsi alternativement. Par cette manœuvre, il y avait toujours une moitié de sa troupe qui chargeait les ennemis sans leur donner de relâche. »

Stipendiosis. C’est ainsi qu’il faut lire, et non stipendiariis, comme dans quelques éditions. On appelait stipendiarius celui qui payait un tribut (stipendium), et stipendiosus celui qui avait fait plusieurs campagnes, qui avait plusieurs années de service (qui plura stipendia meruerat), Il est ici opposé à tironibus.

Super eos. Oudendorp s’étonne de voir cette leçon dans toutes les éditions, quand plusieurs manuscrits portent supra.

Dum consuetudine proficerent. D’autres aiment mieux lire ici, dum consuetudo proficeret. C’est affaire de goût.

CHAPITRE XIX.

Pondus… usque ad sexaginta libras. Voy., sur la charge du soldat romain, Frontin (IV, 1, 7), p. 626 de ce volume.

Cognoscitur. C’est à Modius qu’on doit cette leçon ; les premières éditions portent cognosci potest. Des manuscrits donnent cognoscimus. Oudendorp préfère cognovimus.

Positis stat in agmine castris. Quelques commentateurs veulent qu’on lise in ordine, qui est, en effet, une meilleure leçon que in agmine.

CHAPITRE XX.

La disposition des Romains pour le combat n’était pas toujours exactement la même ; mais les changements qu’y firent les généraux différaient peu de l’ordre en usage. Chaque légion était rangée en bataille sur trois lignes : la première composée des hastats, la deuxième des princes, et la troisième des triaires. Les vélites, selon Végèce, étaient placés en troisième ligne, entre les princes et les triaires. Cela peut avoir été du temps de Valentinien ; mais, du temps des consuls, ils se plaçaient dans les intervalles des triaires, ou derrière eux. C’est de cette place qu’ils s’avançaient pour attaquer l’ennemi ; ils se retiraient à mesure qu’il avançait, passaient par les intervalles des hastats et des princes, et allaient se placer derrière les triaires ou sur les flancs de la légion, suivant les circonstances ; ainsi la légion en bataille n’était positivement que sur trois lignes, parce qu’on ne comptait que les pesamment armés. C’était le corps de bataille. Les vélites n’étaient que pour commencer le combat, ou pour poursuivre l’ennemi défait, soutenus des pesamment armés. Entre chaque manipule, il y avait un intervalle égal à son front. La seconde ligne se rangeait en bataille aussi par manipules, et chacune se plaçait derrière les intervalles de la première ligne ; la troisième de même, derrière ceux de la deuxième ; ainsi la légion eu bataille et prête à combattre était sur trois lignes, et sa disposition formait un échiquier. Chaque manipule était sur dix files et quatorze de front. Cet ordre, cependant, a quelquefois varié ; tantôt il était sur neuf files, tantôt sur huit, suivant le non-complet des légions ; quant au front, il a aussi varié, suivant la force de la légion. Lorsqu’elle était de quatre mille hommes, chaque manipule d’hastats et de princes était de cent vingt hommes, et se rangeait en bataille sur douze de front, el dix files ; lorsqu’elle était de quatre mille deux cents, chacun se rangeait sur treize de front et dix files ; si elle était portée à cinq mille, chacun se rangeait sur seize de front et dix files ; si à cinq mille deux cents, les manipules se rangeaient comme si la légion n’eût été que de cinq mille, parce que l’augmentation de deux cents ne regardait que les vélites, qui, de douze cents, étaient portés à quatorze cents. Les hastats et les princes étaient chacun de seize cents, et les triaires de six cents. — Je ne vois que Végèce qui place les vélites en troisième ligne, entre les princes et les hastats ; il a suivi Modestus presque entièrement ; mais leur erreur vient de ce que, de leur temps, les différents ordres de soldats qui composaient la légion du temps des consuls n’avaient plus lieu. Ce qu’il y a de certain, c’est que, du temps des consuls, la place des vélites était arbitraire. A la bataille de Tunis, entre Xantippe et Atlilius Régulus, ce général romain mil ses armés à la légère en avant de la ligne des basta Is. Il ne suivit pas même l’ordre à échiquier, en osage chez les Romains ; il mit les manipules des princes de* rière ceux des hastats, et ceux des triaires derrière eeos des princes ; de sorte que son infanterie formait autant de colonnes qu’il y avait de manipules en première ligne, mais chacune de ces colonnes divisée ea trois parties. U mit entre chaque colonne un très-grand intervalle, oa pour donner à son ordre de bataille un front égal à cehn des Carthaginois, ou pour laisser un passage aux dépliants de l’ennemi, afin qu’ils ne dérangeassent point l’ordre de ses colonnes. — Que Régulus ait fait une bonne ou uoe mauvaise disposition, peu importe ; mon objet n’est pas d’examiner s’il a eu tort ou non de ranger ainsi son armée eu bataille, et de ne pas suivre l’ordre à échiquier ; mais seulement de prouver que les légions romaines n’étaient pas toujours rangées suivant l’usage ordinaire ; que les vélit es n’étaient pas, ainsi-que le dit Végèce, placés en troisième ligne, entre les princes et les triaires.

— A la bataille de Cannes, Varron plaça ses armés à b légère en avant des hastats ; mais son ordre de bataille était à échiquier. Au moment que i’infanterie légionnaire s’avança pour charger les Carthaginois, les rélites se replièrent par les intervalles, et allèrent se placer derrière les triaires. — A Zama, Scipion plaça les vélites dam la intervalles des manipules des hastats, et rangea se » manipules l’un derrière l’autre, à peu près comme avait fait Régulus à Tunis ; à l’exception qu’à Zama les trois ligna étaient très-distinctes, que les manipules des hastats, des princes et des triaires, quoique derrière l’un l’antre, étaient cependant séparés, et avaient le terrain nécessaire pour (aire les mouvements qui leur seraient ordonnés ; avantage que n’avaieut pas les colonnes de Régulas, qui avaient trop peu de front relativement à leur profoodenr, dont les manipules qui les formaient étaient trop près les uns des autres, et rendaient inutiles les deux tiers de chaque colonne. — A Pharsale, l’infanterie de César d « fie de Pompée étaient divisées par cohortes, et non par mnipule. Chaque cohorte était de cinq cents fantassins, à l’exception de la première de chaque légion, nommée cohorte milliaire, qui était de mille. L’infanterie des deai armées était rangée en échiquier ; et les vélites, ou les légèrement armés, étaient, dans l’armée de César, entre les intervalles de sa cavalerie, placée sur son aile droite, et dans celle de Pompée entre les intervalles de sa cavalerie, placée sur son aile gauche. — Je pourrais rapporter beatcoup d’autres exemples, qui prouveraient qne la disposition des Romains pour le combat était à peu près la même, et qu’elle différait de peu de cliose. La disposition par cohorte ou par manipule, sur dix de profondeur, ne eonviendrait point aujourd’hui sur toute sorte de terrain, ni dans toutes les circonstances, relativement à nos armes ; parce que si, dans les occasions oh il faut du feu, oo suivait la disposition des Romains tant pour la profoodenf de chaque bataillon, divisé par demi-rang ou par division.