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l’on devra nécessairement exécuter dans le tumulte des combats[1].

§ 17. On commande dans chaque centurie quatre cavaliers et quatre fantassins pour la garde du camp pendant la nuit ; et comme il parait impossible que le même homme reste en vedette ou en sentinelle toute la nuit, on partage les gardes ou veilles en quatre parties, pour faire la part du repos, en sorte que chaque garde ne soit pas de plus de trois heures de nuit. On pose toutes les gardes au son de la trompette (tubicen), et, leurs heures faites, on les relève au son du cornet[2].

§ 18. Quand on a rangé l’infanterie en bataille, on poste la cavalerie sur les ailes, en ayant soin que les cuirassiers et ceux qui lancent l’épieu (les contati, de contus, épieu) touchent aux fantassins : quant aux archers ou à ceux qui n’ont pas de cuirasses, ils s’étendent un peu davantage. Les premiers, comme plus fermes, sont destinés à couvrir les flancs de l’infanterie ; les autres, comme plus lentes et plus agiles, à se jeter sur les ailes de l’armée ennemie, pour les rompre et y mettre le désordre. Un général doit savoir quelle espèce de cavalerie il faut opposer à tels dronges ou corps de l’ennemi ; car je ne sais par quelle cause mystérieuse et, pour ainsi parler, divine, il se fait que telle troupe qui a naturellement de l’avantage sur telle autre perd souvent sa supériorité et la bataille en face d’une troupe plus faible eu apparence. Si la cavalerie est inférieure à celle de l’ennemi, il faut, à l’exemple des anciens, y mêler des fantassins choisis parmi les plus agiles, armés de boucliers légers, et exercés à cette espèce de combat : on les nommait, à cause de leur vélocité, vélites. La cavalerie ennemie, fût-elle d’une force bien supérieure, ne peut tenir contre une troupe ainsi mélangée. Aussi tous nos anciens généraux réparaient-ils le désavantage du nombre en mettant entre deux cavaliers un de ces jeunes soldats bien exercés à la course, et au maniement du bouclier, de l’épée et des armes de jet[3].

§ 19. Dans les batailles, les éléphants, par l’énormité de leur masse, par l’horreur de leur cri, par la nouveauté même du spectacle, épouvantent d’abord les hommes et les chevaux. Le roi Pyrrhus fut le premier qui en mit en bataille contre une armée romaine en Lucanie ; il nous en fut ensuite opposé un grand nombre par Annibal en Afrique, par le roi Antiochus en Orient, par Jugurtha en Numidie. On imagina différents moyens de s’en défendre. Ainsi un centurion, en Lucanie, coupa avec son épée la main, ou, comme on dit, la trompe d’un de ces animaux. Ailleurs on attela deux chevaux bardés de fer à un chariot de dessus lequel des clibanaires, ou soldats armés de toutes pièces, portaient aux éléphants de grands coups de sarisses, c’est-à-dire de longs épieux. D’autres fois, on les fit attaquer par des fantassins cataphractaires, qui, outre leur armure, avaient les bras, les casques, les épaules hérissés de grandes pointes de fer, pour empêcher les éléphants de les saisir. Toutefois les anciens opposèrent surtout à ces animaux les vélites, qui étaient des jeunes gens armés à la légère, extrêmement agiles, et fort adroits à lancer, des rangs de la cavalerie, des armes de jet. Ils voltigeaient autour des éléphants, et les tuaient avec des lances armées d’un large fer, ou avec de grands javelots. Mais dans la suite, la hardiesse s’étant accrue, les soldats, groupés plusieurs ensemble,

  1. Voy. Végèce, l. II, c. xxii.
  2. Voy. Vegèce, l. III. c. viii.
  3. Voy. Végèce, l. III. c. xvi.