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pussent toujours se réunir à leurs camarades. Outre cela, les centurions, appelés aujourd’hui centeniers, portaient des cuirasses de guerre et sur leur casque des aigrettes, pour être plus aisément reconnus de leur compagnie : il n’était guère possible que les centuries se confondissent, étant guidées chacune par son enseigne et par le casque de son centurion, qui lui en tenait encore lieu. Les centuries étaient elles-mêmes divisées en chambrées de dix soldats, vivant sous la même tente, et commandés par un dizainier, appelé à présent chef de chambrée. La chambrée s’appelait aussi manipule, parce que les soldats qui la composaient se donnaient pour ainsi dire la main pour combattre ensemble[1].

§ 10. De même que les fantassins se divisent en centuries et en manipules, de même la cavalerie a ses turmes ; une turme est composée de trente-deux cavaliers, et celui qui la commande porte le titre de décurion. Comme aussi cent dix fantassins sont commandés par un seul centurion sous un même étendard, semblablement trente-deux cavaliers sont conduits sous un seul étendard par un même décurion. On doit avoir soin de choisir pour centurion un homme robuste et de haute taille, qui sache lancer avec adresse et d’un bras vigoureux les javelots et les armes de jet. De même il faut chercher avant tout dans un décurion, qui doit commander une turme de cavalerie, la souplesse et la vigueur, afin que sous sa cuirasse, et couvert de toutes ses armes, il puisse monter à cheval avec une grâce admirée de tous, y faire des évolutions hardies, se servir adroitement de l’épieu, décocher les flèches d’une main sûre, et enseigner aux cavaliers sa turme toutes les manœuvres qu’exige on combat de cavalerie[2].

§ 11. Pour montrer à présent comment on doit ranger une armée en bataille au moment du combat, prenons pour exemple une légion, dont la disposition peut servir pour en ranger plusieurs. La cavalerie se place sur les ailes ; l’infanterie commence à se former par la première cohorte de la droite, et la seconde se place de suite en ligne. La troisième cohorte occupe le centre, et la quatrième se range à côté. La cinquième cohorte la suit, et ferme la gauche de la première ligne. Les ordinaires et les autres officiers qui combattaient dans la première ligne, en avant et autour des enseignes, s’appelaient le corps des princes. C’était la ligne des pesamment armés ; ils avaient des casques, des cuirasses ou cottes d’armes, des jambarts et des boucliers ; de grandes épées appelées spathes, et d’autres petites, appelées semispathes ; cinq plombées placées dans la concavité de leurs boucliers, et qu’ils lançaient au premier choc. Ils avaient encore deux armes de jet : une grands, composée d’un fer triangulaire de neuf pouces de long, et montée sur une hampe de cinq pieds et demi ; arme appelée autrefois pilum (javelot) et aujourd’hui spiculum, et qu’on exerçait particulièrement les soldats à lancer, parce que, dirigée avec art et vigueur, elle transperçait souvent et les boucliers des fantassins et les cuirasses des cavaliers ; une petite, ayant un fer de cinq pouces de long sur une hampe de trois pieds et demi ; on la nommait autrefois verriculum (dard) ; on l’appelle aujourd’hui verulum. La première ligne était celle des princes ; la seconde,

  1. Voy. Végèce, l. II, c. xiii.
  2. Voy. Végèce, l. II, c. xiv.