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ladie. Les signifères sont ceux qui portent les enseignes (signa), et qu’on appelle aujourd’hui draconnaires. On nomme tesséraires ceux qui portent le mot ou l’ordre aux chambrées. Or, on appelle tessera l’ordre du chef en vertu duquel l’armée est convoquée pour quelque travail, ou mise en mouvement pour la guerre. Il y avait les colliers doubles et les colliers simples : ceux-ci portaient un collier d’or pour unique prix de leur courage, et ceux là, outre cette marque d’honneur, recevaient de temps en temps une double ration[1].

§ 7. Le premier hastat commandait, dans la seconde ligne, deux centuries, c’est à-dire, deux cents hommes au second rang : on l’appelle aujourd’hui ducénaire. Le prince de la première cohorte commande une centurie et demie, ou cent cinquante hommes. Ainsi les dix centuries de la première cohorte étaient commandées par cinq officiers appelés ordinaires. Les anciens, à cause de la grande utilité qu’on en tirait, avaient attaché de grands honneurs à ces grades, afin que tous les soldats de la légion s’efforçassent d’y atteindre par toute la valeur et tout le zèle possibles. Il y avait aussi des centurions à la tête de chaque centurie : on les nomme à présent centeniers. Il y avait en outre des dizainiers, commandant à dix soldats, et appelés présentement chefs de chambrée. La seconde cohorte a cinq centurions. Il en est de même de la troisième et de la quatrième, jusqu’à la dixième. On comptait dans toute la légion soixante-six centurions[2].

§ 8. Des lieutenants de l’empereur, choisis parmi les consulaires, étaient envoyés aux armées ; les légions et toutes les troupes auxiliaires leur obéissaient dans les affaires de la paix, comme dans les nécessités de la guerre. On sait que ces fonctions sont à présent remplies par des personnages illustres, auxquels on donne le titre de maîtres de la milice, et qui commandent deux légions, et même des troupes plus nombreuses ; mais c’était proprement le préfet de la légion qui en était le chef : il avait la qualité de comte de premier ordre, et, en l’absence du lieutenant de l’empereur, il en exerçait, comme son représentant, toute l’autorité. Les tribuns, les centurions et tous les soldats exécutaient ses commandements, soit pour les gardes, soit pour le départ. C’est à lui qu’on allait demander l’ordre. Si un soldat avait commis quelque crime, c’était par l’autorité du préfet de la légion que le tribun conduisait le coupable au supplice. La fourniture de toutes les armes, des chevaux, des habits et des vivres, était encore de sa charge. La discipline, les punitions et les exercices, non-seulement de l’infanterie, mais aussi de la cavalerie légionnaire, étaient l’objet de son attention et de ses soins[3].

§ 9. L’enseigne principale de toute la légion est l’aigle, que porte l’aquilifer. Il y a pour enseigne, dans chaque cohorte, des dragons (dracones) portés par les draconnaires. Les anciens, qui savaient que dans la mêlée il se produit facilement du désordre et de la confusion, imaginèrent, pour y remédier, de diviser les cohortes en centuries, et de donner à chaque centurie un étendard particulier, où était écrit le nom des différentes cohortes et des différentes centuries, afin que dans le plus grand trouble les soldats, en regardant cette enseigne et en lisant ce nom,

  1. Voy. Végèce, l. II, c. vii.
  2. Voy. Végèce, l. II, c. viii.
  3. Voy. Végèce, l. II, c. ix.