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enclins tous deux à la rigueur qu’à la mansuétude, ils chargèrent Ursace, maître des offices, Dalmate impitoyable, de concert avec Vivence Siscien, d’informer sévèrement sur les causes de leur maladie. Le bruit a couru que l’enquête était surtout dirigée en haine de la mémoire de Julien, contre les amis de ce prince, et qu’on leur imputait d’avoir usé de maléfices. Mais comme on ne put trouver l’apparence même d’un indice contre eux, toute prévention s’évanouit.

(5) Cette année, on entendit partout dans le monde romain, résonner la trompette, et toutes nos frontières furent insultées par les barbares. Les Alamans ravageaient à la fois la Gaule et la Rhétie ; les Quades avec les Sarmates, les deux Pannonies ; les Pictes, les Saxons, les Scots et les Attacottes mettaient à feu et à sang la Grande-Bretagne ; les Austoriens et les Maures multipliaient leurs courses en Afrique ; des partis de Goths, en Thrace, portaient çà et là le pillage et la dévastation.

(6) Le roi de Perse, de son côté, menaçait incessamment l’Arménie, et cherchait de vive force à la replacer sous son joug, prétendant, au mépris de toute justice, qu’il n’avait traité qu’avec Jovien, et que, lui mort, tout obstacle était levé à ce qu’il reprît cette possession de ses ancêtres.

Chapitre V

(1) Après un hiver passé dans une parfaite harmonie, les deux empereurs, l’un par prérogative réelle, l’autre, par une ombre d’adjonction, traversèrent ensemble la Thrace pour se rendre à Naissus. La veille de leur séparation, ils firent entre eux, dans un faubourg appelé Médiana, à, trois milles des murs, le partage des grands officiers de la couronne.

(2) À Valentinien, qui disposait de tout à son gré, échurent Jovin, depuis longtemps investi par Julien du gouvernement des Gaules, et Dagalaif, que Jovien avait nommé général. Victor, promu au même grade par ce dernier, dut, avec Arinthée, suivre Valens en Orient. Lupicin y resta maître de la cavalerie, promotion dont il était redevable à Jovien.

(3) Équitius eut le commandement militaire en Illyrie, non pas en qualité de maître, mais avec le simple titre de comte. Sérénien, qui avait depuis longtemps quitté le service, y rentra parce qu’il était Paunonien, et, placé près de Valens, fut mis à la tête de l’école des domestiques. Après ces arrangements on régla aussi le partage des troupes.

(4) Les deux frères firent ensuite leur entrée à Sirmium, où la même volonté désigna leurs résidences respectives. Valentinien s’adjugea Milan, capitale de l’empire d’Occident ; et Valens partit pour Constantinople.

(5) Salutius était déjà en possession de la préfecture d’Orient ; Mamertin eut l’autorité civile sur les provinces d’Italie, d’Afrique et d’Illyrie ; et Germanien, l’administration de la Gaule au même titre.

(6) Les deux princes, à leur arrivée dans leurs capitales, revêtirent, chacun pour la première fois, les ornements consulaires. Cette année fut désastreuse pour l’empire.

(7) Les Alamans se répandirent hors de leurs frontières avec un redoublement de fureur ; voici à quel sujet. Ils avaient envoyé une ambassade à la cour ; et l’usage, dans ces occasions, était de faire aux députés des présents dont l’importance était déterminée.