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Chapitre I

(1) Comme il arrive ordinairement dans les circonstances graves, nous passâmes tous cette nuit debout et sans fermer l’œil. Aucune étoile ne brillait au firmament. Au premier rayon du jour, le reflet des cuirasses et des armures nous annonça de loin la présence de l’armée royale.

(2) Nos soldats, à cette vue, brûlaient d’en venir aux mains ; mais l’empereur défendit de passer le ruisseau qui coulait entre nous et l’ennemi. Une vive escarmouche néanmoins s’engagea au-delà de cette barrière entre nos éclaireurs et ceux des Perses, et Machamée, chef d’un de nos bataillons, tomba dans la mêlée. Maurus, son frère, qui fut depuis duc de Phénicie, se jeta au-devant de son corps, tua de sa main le meurtrier, et, renversant tout ce qui se trouvait sur son passage, eut encore assez de force, quoique blessé lui-même d’un trait à l’épaule, pour emporter du milieu des combattants ce frère chéri, que couvrait déjà la pâleur de la mort.

(3) Succombant enfin sous la chaleur et la fatigue de leurs charges répétées, les escadrons ennemis furent mis en déroute. Dans un mouvement de retraite que nous fîmes alors, les Sarrasins qui s’étaient dispersés devant notre infanterie tentèrent, en se mêlant aux Perses, d’enlever nos bagages. Mais à la vue de l’empereur, ils se replièrent sur la cavalerie destinée à les soutenir.

(4) Nous atteignîmes après cette action un bourg nommé Hucumbra, où nous trouvâmes, au-delà de nos souhaits, des vivres de toute espèce. Après avoir