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sans indignation lire ce préambule du jugement qui le condamnait : "Sous le consulat de Taurus et de Florence, Taurus, par la voix du crieur public, etc."

(5) Le même sort était réservé à Pentade, prévenu d’avoir rédigé, par mission expresse de Constance, le procès-verbal du dernier interrogatoire de Gallus. Mais une défense habile le tira d’affaire.

(6) On envoya, non moins arbitrairement, dans l’île de Boas en Dalmatie, le maître des offices Florence, fils de Nigrinien. L’autre Florence, préfet du prétoire, réussit à se cacher avec sa femme, et ne reparut qu’après la mort de Julien. On le condamna à mort par contumace.

(7) Le bannissement fut aussi prononcé contre Évagre, trésorier du domaine privé ; Saturnin, ex-intendant du palais ; et Cyrine, ex-notaire. La justice elle-même, j’ose le dire, a pleuré la mort d’Ursule, trésorier de l’épargne, et a taxé l’empereur d’ingratitude ; car au temps où Julien, envoyé comme César en Occident, s’y trouvait limité dans ses ressources au point de ne pouvoir rien donner aux soldats (ce qui était un calcul de la cour pour lui rendre l’armée moins maniable), ce même Ursule avait écrit au trésorier des Gaules de remettre à César, sur sa demande, tout ce qu’il exigerait d’argent.

(8) Julien sentit lui-même que cette mort devait lui susciter des malédictions et des haines, et chercha plus tard à pallier un acte inexcusable, en prétextant qu’il s’était consommé sans son aveu, et que c’était l’effet des rancunes de l’armée pour le propos tenu devant les ruines d’Amida.

(9) On ne manqua pas non plus de voir un contre-sens, ou un acte de faiblesse, dans le choix d’Arbétion, qui présidait de fait les enquêtes. Ses collègues n’étaient là que de nom. Il était impossible, en effet, que cet ambitieux hypocrite ne fût pas suspect à Julien, et qu’il pût le considérer autrement que comme ennemi, d’après le rôle actif qu’il avait joué dans les guerres civiles.

(10) Après ces actes, désapprouvés même par les partisans de Julien, citons quelques exemples d’une sévérité qui ne fut que justice.

(11) Cet Apodème, autrefois intendant, que nous avons vu s’acharner avec tant de rage à la perte de Gallus et de Sylvain ; ce notaire Paul, surnommé la Chaîne, dont le nom seul fait frémir, trouvèrent sur le bûcher un supplice trop mérité par leurs crimes.

(12) La peine de mort fut également décernée contre l’insolent et cruel Eusèbe, grand chambellan de l’empereur Constance. Ce misérable, qui de la condition la plus basse était arrivé presque au point de faire obéir son maître, avait contracté une arrogance intolérable. Plus d’un avertissement lui était venu d’Adrastie, dont l’œil est toujours ouvert sur les fautes des hommes. Il n’en tint compte ; et, comme d’un roc élevé, il se vit précipité de sa grandeur.

Chapitre IV

(1) Les yeux du nouvel empereur se tournèrent ensuite sur la population intérieure du palais ; il y fit une espèce de main basse, et sans distinction. Ce n’était pas ce qu’on avait droit d’attendre d’un philosophe ami de la vérité.

(2) L’épuration n’aurait eu rien que de louable si elle eût fait grâce au très petit nombre, dont la conduite était pure et l’intégrité notoire. Le palais, il faut l’avouer, était devenu un séminaire de vices, dont les germes