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par l’investiture de la puissance publique, qui se relève en ce moment, mais qui veut pour l’avenir une garantie contre les invasions des barbares."

(8) Léonas, témoin de cette manifestation, s’en revint ensuite avec une lettre de Julien qui en contenait la relation fidèle. De toutes les nominations faites par Constance, le nouvel empereur ne confirma que celle de Nébride, en qualité de préfet du prétoire. Il avait, dans une lettre précédente, désigné le choix de ce dernier comme devant lui être agréable. Quant à la charge de maître des offices, il en avait déjà disposé en faveur d’Anatole, maître des requêtes. Ses autres nominations furent également réformées dans les vues de son pouvoir et de sa sûreté.

(9) Au milieu de ces arrangements, Lupicin lut inspirait des craintes, malgré l’éloignement où le tenait sa mission en Bretagne. Il le connaissait entreprenant, présomptueux, et, si les nouvelles arrivaient jusqu’à lui, homme à exciter de nouveaux troubles en travaillant pour son propre compte. Pour plus de sûreté, un notaire fut dépêché à Boulogne, avec ordre de ne laisser qui que ce fût passer le détroit. Cette précaution fit que Lupicin, qui ne sut rien qu’après son retour, n’eut aucune occasion de remuer.

Chapitre X

(1) Cependant l’esprit de Julien était remonté par le sentiment de sa grandeur accrue, et par la confiance que lui témoignait l’armée. Il craignit de laisser refroidir cette ardeur, et d’encourir lui-même le reproche d’indolence et d’apathie. Il envoya donc une ambassade à Constance, et, avec un armement de tous points proportionné à l’entreprise qu’il méditait, se porta sur les frontières de la seconde Germanie, et de là sur la ville de Tricensime.

(2) Puis, passant le Rhin, il tomba sur le pays des Francs Attuaires, race turbulente, et qui en ce moment insultait de ses incursions les frontières de la Gaule. Il brusqua l’attaque au milieu de la sécurité trompeuse qu’inspire à cette peuplade le détestable état de ses chemins, où, de mémoire d’homme, ne s’étaient hasardées les armes romaines ; et il en eut bon marché. Il leur prit ou tua beaucoup de monde. Ce qui restait s’humilia, et reçut du vainqueur, qui voulut assurer par là le repos du voisinage, la paix aux conditions qu’il lui plut d’imposer.

(3) Puis, avec même célérité, Julien traverse de nouveau le Rhin, passe en revue toutes les places fortes de la frontière, qu’il remet en bon état, pousse ensuite jusqu’à Rauraque ; et, après avoir repris possession, et pourvu à la sûreté ultérieure de tout ce pays, où les barbares s’étaient cru définitivement établis, il se dirigea par Besançon sur Vienne, où il voulait passer l’hiver.

Chapitre XI

(1) Telle était la marche des affaires dans les Gaules, où tout se ressentait d’une direction ferme et habile. Constance pendant ce temps mandait près de lui Arsace, roi d’Arménie ; et, après lui avoir fait la réception la plus honorable, mettait toute espèce de raisonnements et de persuasion en œuvre pour le décider à rester inviolablement attaché aux Romains.

(2) Il savait en effet que supercheries, intrigues, menaces, le roi de Perse avait tout essayé près de ce prince pour nous l’aliéner, et l’attirer dans son parti.

(3) Arsace fit le serment, et le répéta plusieurs fois, de mourir plutôt que de changer à notre égard, et s’en retourna comblé de présents, lui et toute sa suite. Sa foi