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ÉLOGE DE MONTESQUIEU

porter les nations à la paix, d’adoucir les mœurs, de donner aux marchands un certain esprit de justice exacte en les accoutumant à discuter rigoureusement leurs intérêts, et de dégrader les âmes en mettant un prix à toutes les actions, en faisant regarder l’or comme celui des vertus.

À l’égard de ses rapports avec la constitution, le commerce fondé sur les besoins réels convient à tous les peuples ; fondé sur les besoins du luxe, il ne convient qu’aux peuples qui vivent sous l’autorité d’un seul, car il importe qu’il ne choque point le principe du gouvernement.

Il ne faut exclure de son commerce aucune nation, sans des motifs de grands poids ; encore moins s’assujettir à ne commercer qu’avec une seule nation : deux maximes que doivent maintenir les loix de l’État. Elles ne sont pas les seules : le commerce doit être libre ; sa liberté toutefois ne consiste pas à permettre aux négociants de faire ce qu’ils veulent ; ils doivent être gênés, mais en faveur du commerce seulement. L’exactitude avec laquelle leurs engagemens doivent être remplis exige la contrainte par corps ; et comme leurs affaires se renouvellent chaque jour, il faut terminer leurs contestations avec célérité. Au reste, dans tout pays, l’État doit rester neutre entre sa douane et son commerce. La douane doit même être en régie, pour éviter les vexations de la finance.

Il seroit contre le principe de la monarchie que la noblesse fît le commerce, et contre la liberté des sujets que le prince s’en mêlât, car qui pourroit l’obliger de remplir ses engagemens ? À l’égard des démocraties, le commerce doit se faire pour le compte de l’État, mais par un magistrat commis à cet effet.

La monnoie étant le signe de la valeur des marchandises et le principal instrument du commerce, l’auteur traite des opérations dont elle est l’objet, telles que