Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il la poursuivait… Et qu’en apprenant mon faux nom de Mme Lestrange, sans manifester sa surprise, sans me confier le désir d’être initié à notre secret, il continuait de flirter indifféremment avec l’une et l’autre… Ah ! Cette légèreté de sa part… Cet amour de libertin, si injurieux pour moi !

Mme de Francilly insinua perfidement :

— Puisque ton esprit averti a su l’analyser aussi exactement, il n’y a que demi-mal. Ton dépit t’irrite encore ; mais, avec le temps, tu oublieras cette fâcheuse aventure.

Camille dit sourdement :

— Mais je l’aime… quand même !

Mme de Francilly déclara avec émotion :

— Allons donc !… Voilà le grand mot lâché… Tu aimes, quand même ! L’expérience artificielle que je t’avais formée a pénétré la légèreté de cœur, les défauts de caractère de Romain… et tu l’aimes — quand même — comme on aime sans discernement. Que veux-tu !… J’ai fait la preuve d’une vérité, et