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d’Armand ? Sa prudence reculait devant un éclat. Elle ne tenait guère à son mari, mais elle se souciait infiniment de l’opinion mondaine qui absout la faute discrète et ne pardonne point le scandale.

Simone respectait la morale de cette société que ne choque pas le péché clandestin, mais qui blâme sévèrement l’innocence maladroite qui s’affiche en mauvaise compagnie.

Mme Lestrange ne redoutait guère le divorce libérateur. Elle appréhendait le flagrant délit qui tache la réputation d’une jeune femme et lui ferme tous les salons. À cette idée, Simone se sentait envahie d’une terreur très lâche : perdre son existence mondaine, ses relations flatteuses, ses succès de beauté, les réceptions où l’on savoure des grands compliments et des petits gâteaux, les visites où l’on promène la nouvelle robe et le dernier potin ; perdre ces futilités précieuses lui apparaissait comme une calamité inimaginable,