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voisines que les voisins et changent parfois de place, à plusieurs reprises, durant la séance. Considérons ensuite que, pour la netteté des vues, les projections lumineuses doivent avoir lieu dans l’obscurité. En songeant à l’effet que peuvent produire sur les assistants cette pénombre, cette musique voluptueuse d’un orchestre invisible, cette immobilité dans la nuit, ce tiède contact d’un voisin qu’on ne voit pas et ces tendres tableaux qu’on voit sur l’écran, la conclusion s’impose : si le cinéma fait une concurrence triomphante à tous les genres de théâtres y compris le music-hall, c’est qu’il est le seul spectacle ménageant au spectateur ce que nous nommerons par euphémisme « la scène dans la salle ».

Mme Lestrange n’était point une habituée des cinémas ; elle y venait par hasard, innocemment. À son entrée, un film s’achevait ; la salle s’éclaira soudain et deux rangées de spectateurs dévisagèrent avec curiosité cette