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la peine ; » car cette réflexion est d’un homme qui n’est pas philosophe et qui se met en colère pour les choses du dehors.

13. Dans la conversation, évite de parler beaucoup et sans mesure de ce que tu fais ou des dangers que tu as courus. Si tu as du plaisir à te souvenir des dangers auxquels tu as été exposé, les autres n’ont pas autant de plaisir à t’entendre raconter ce qui t’est arrivé. 14. Évite aussi de chercher à faire rire. On est induit par là à glisser dans le genre de ceux qui ne sont pas philosophes, et en même temps cela peut diminuer les égards que les autres ont pour toi. 15. Il est facile aussi de se laisser aller à tenir des propos obscènes. Quand il arrive quelque chose de pareil, tu peux, si c’est à propos, aller jusqu’à faire des reproches à celui qui se le permet ; sinon, témoigne au moins par ton silence, ta rougeur, ton visage sévère, que cette conversation te déplaît.

XXXIV

Quand une idée de plaisir se présente à ton esprit, fais comme pour les autres, prends garde de te laisser emporter, diffère d’agir, et obtiens de toi-même quelque délai. Puis représente-toi les deux moments, celui où tu jouiras du plaisir et celui où, après en avoir joui, tu te repentiras et t’accableras toi-même de reproches ; mets en balance la joie que tu éprouveras à t’abstenir et les félicitations que tu t’adresseras. Si les circonstances exigent que tu agisses, fais attention à ne pas te laisser vaincre par ce que la chose offre de