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et d’une autorité qui tiennent aux profondes racines qu’il a dans la pensée de celui qui parle ; car ce n’est point ici un sujet auquel un auteur applique son esprit en passant, et qu’il ne touche que par quelques points : toutes ses idées, toutes ses croyances, tout son cœur est engagé dans ces réflexions, et ce qu’il dit aujourd’hui sur Epictète et Montaigne, n’est que ce qu’il pense tous les jours sur le secret continuellement sondé de sa nature et de sa fin. On comprend seulement que, précisément à cause de la passion qu’il porte dans cette étude, il approfondit plutôt la thèse d’Epictète ou de Montaigne qu’il ne pénètre ces hommes eux-mêmes. » En effet, comme Pascal ne tient aucun compte des circonstances où ont vécu Epictète et Montaigne, il établit entre le païen, qui vivait du temps de Trajan, et le chrétien, qui vivait au seizième siècle, un rapprochement forcé ; ensuite il attribue à Épictète des doctrines qui étaient celles de la secte philosophique à laquelle il appartenait.

Quant au fond des choses, Pascal a bien vu ce qui sépare la morale, ou, pour parler plus exactement, l’ascétisme d’Epictète de l’ascétisme chrétien, mais de l’ascétisme chrétien entendu sens janséniste et en admettant la doctrine de la grâce. Si on ne reconnait pas que