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pictète, Musonius, exhortait vivement et éloquemment au mariage[1]. Mais Épictète, qui avait été longtemps esclave et qui était demeuré célibataire, parle des affections de famille en homme qui ne les avait jamais connues. Il compare la perte d’un fils à celle d’une marmite ou d’une coupe (iii, xxvi) ; la divinité nous permet d’avoir une femme et un enfant, comme le pilote laisse le matelot qu’il a envoyé faire de l’eau ramasser sur son chemin un coquillage ou un oignon (vii) ; on ne doit pas s’inquiéter d’un mauvais présage, parce qu’il ne peut menacer que votre corps, votre fortune, votre réputation, vos enfants ou votre femme ; il n’a rien de menaçant pour vous si vous le voulez : quoi qu’il arrive, il dépend de vous d’en tirer profit (xviii). Épictète enseignait même que celui qui est arrivé au plus haut point de la sagesse ne se mariera pas pour ne point s’embarrasser dans des liens qui l’empêcheraient d’instruire les hommes, de leur prêcher la vertu et le bonheur, d’être le messager et le héraut des dieux[2].

Suivant les stoïciens, la vertu consistant dans l’action, et la justice, qui règle les rapports entre les hommes, étant de nature et non de conven-

  1. Stobée, Florilegium, 67, 20.
  2. Épictète, Discours III, 22, 67-69.