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La manière de se conduire à l’égard des choses neutres rentrait dans la théorie de ce que les stoïciens appelaient offices (καθήκοντα). Un office est un acte dont on peut donner une raison plausible. A ce point de vue général, les animaux et même les plantes ont des offices[1]. Notre office, à nous autres êtres raisonnables, c’est de faire ce que la raison prescrit (αἱρεῖ ὁ λόγος)[2]. Les actes de vertu sont, bien entendu, prescrits par la raison et constituent l’espèce d’office que les stoïciens appelaient κατόρθωμα[3]. Dans les choses neutres nous trouvons ce que la raison prescrit, et nous apprécions (παραμετροῦμεν) nos offices en considérant les rapports de corrélation (σχέσις)[4] que la nature et la société ont établis entre le père et le fils, le frère et le frère, le magistrat et le subordonné, le concitoyen et le concitoyen, le voisin et le voisin, etc. Il y a corrélation entre deux choses quand chacune de deux qualités ne convient à chacune de deux choses que par rapport à l’autre, et cela quelques qualités qui conviennent d’ailleurs aux deux choses ; ainsi ce qui est à droite n’est à droite que par rapport à ce qui est à gauche et, à ce point de vue, n’est qu’à droite, et ré-

  1. Diogène, VII, 107-108.
  2. Manuel, xxxii, 3 ; li, 1. Diogène, VII, 108.
  3. Stobée, II, 158.
  4. Manuel, xxx. Discours III, 2, 4.