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de décider si telle chose en particulier est bonne[1]. Vivre conformément à la nature, c’est vivre conformément à sa propre nature, qui est celle d’être raisonnable (ζῷον λογικόν)[2], et à celle de l’univers, en ne faisant rien de ce que défend la loi commune ; cette loi commune est la raison qui pénètre toutes choses et qui est elle-même identique à Jupiter, en tant qu’il préside au gouvernement de l’univers[3]. Ce qui est mauvais est contraire à la nature (παρὰ φύσιν).

Vivre conformément à la nature, c’est vivre heureux (εὐροεῖν)[4]. Le bonheur consiste dans l’impassibilité (ἀπάθεια), le calme (ἀταραξία) d’une âme exempte de passions qui la troublent (ταράσσει). Il ne faut être frappé (θαυμάζειν) de rien, même d’un spectacle intéressant (xxxiii, 9). Toute passion, πάθος, est un faux jugement ; ainsi l’avarice est la pensée que l’argent est un bien[5]. Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements (δόγματα) qu’ils en portent ; ainsi la mort n’est pas quelque chose de redoutable : ce qui est redoutable en elle c’est le jugement qu’elle est redoutable (v).

  1. Épictète, Discours II, 22, 1 et suiv
  2. Épictète, Discours II, 8, 1-9.
  3. Diogène, VII, 88.
  4. Stobée, II, 138. Sénèque, Lettres, cxx, 11.
  5. Diogène, VII, 111.