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plutôt science de la nature qui était en mème temps pour eux la divinité) et morale[1] ; mais, en réalité, ils subordonnaient la logique et la physique à la morale. Épictète ne parle en ce Manuel que de logique et de morale (lii) : il faut d’abord et avant tout pratiquer, par exemple ne pas mentir ; ensuite savoir la raison pourquoi il ne faut pas mentir ; en troisième et dernier lieu savoir ce que c’est qu’une raison et une démonstration.

La première question de la logique stoïcienne était celle de la certitude. Une idée (φαντασία) est l’impression faite sur l’âme soit par les objets sensibles, soit par les objets incorporels, comme une abstraction, la conclusion d’un raisonnement[2]. Quand l’impression est faite par quelque chose de réel et est conforme à cette réalité, l’idée est évidente (καταληπτική), tellement vraie qu’elle ne peut pas être fausse[3]. Mais une idée peut n’être pas tout à fait ce qu’elle représente (i, 5) ; il faut alors suspendre son jugement, l’examiner, et n’y acquiescer (συγκατατίθεσται) que quand on l’a reconnue conforme à son objet. Il ne dépend pas de nous d’avoir une idée, de ne pas recevoir une impression ; mais il dépend toujours de nous de donner ou de refuser notre acquiescement. En en-

  1. Diogène, VII, 39.
  2. Diogène, VII, 50.
  3. Diogène, VII, 46, 52. Cicéron, de Finibus, V, 26, 76.