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auraient trouvé que le grabat sur lequel il couchait[1]. Il se retira à Nicopolis, en Épire[2], où il était encore certainement sous le règne de Trajan. Peut-être a-t-il poussé sa carrière jusqu’à Adrien. Son enseignement faisait une impression profonde sur ses auditeurs, qui ne pouvaient s’empêcher d’éprouver les sentiments qu’il voulait leur inspirer[3]. Épictète trouva des enthousiastes et presque des dévots : un de ses admirateurs acheta sa lampe de terre 3000 drachmes (2160 francs)[4].

Il n’avait rien écrit. Mais Flavius Arrien, originaire de Nicomédie en Bithynie, qui avait suivi ses leçons à Nicopolis sous Trajan, rédigea les notes qu’il avait prises. Il publia les Discours (Διατριβαί) d’Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre ; et il tira de ces discours ce qui lui parut le plus essentiel et le plus propre à faire impression sur les âmes[5] pour le condenser dans un petit livre qu’on pût avoir toujours sous la main (ἐγχειρίδιον, sous-ent. βιβλίον[6], en français manuel) et porter avec soi.

  1. Simplicius, sur le Manuel d’Épictète, ch. ix (p. 15, 36).
  2. Aulu-Gele, XV, 11, 5. Suidas.
  3. Arrien, préface des Discours d’Épictète.
  4. Lucien, Adversus in loctum, 13.
  5. Simplicius, sur le Manuel d’Épictète, préface (p. 1, 8 et suiv., éd. Didot).
  6. Ἐγχειρίδιον signifie poignard dans Xénophon et Thucydide ; et ce sens est tellement ordinaire que Simplicius, sur le Manuel (préface, p. 1, 26), sem-