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dément toute leur histoire politique ; on a excité contre eux les préjugés nationaux.

Ils n’étaient cependant point seuls à se plaindre. Plusieurs hommes d’origine britannique dans le Bas-Canada, distingués par leurs connaissances et leur expérience, réclamaient les libertés de tous, ne croyaient point que l’oppression pût être bonne à quelque chose, et ne se consolaient point de se voir ravir une portion de leurs droits, en songeant que leurs concitoyens d’une autre origine étaient plus maltraités qu’eux.

Leurs prévisions étaient aussi sages que leurs sentiments étaient généreux. La dégradation politique de la majorité des habitants du Bas-Canada n’a pu être opérée, qu’au détriment des intérêts locaux de cette partie de la province, et toutes les classes de la société en ont également souffert. Ceux qui dans l’administration provinciale ont prétendu représenter une minorité du Bas-Canada n’ont de fait représenté que les intérêts ou les caprices de leurs collègues ; ils ont été des instruments dans leurs mains, toujours prêts à être sacrifiés à l’accroissement de l’influence de ces derniers. Le jour est venu où la minorité des habitants du Bas-Canada doit comprendre que ses intérêts bien entendus sont les intérêts de la majorité ; ou plutôt qu’il n’existe qu’un intérêt commun, celui de la prospérité morale et matérielle du pays, objet qui ne peut être atteint que par le sacrifice de tous préjugés et de toute antipathie nationale ; par un effort commun pour le développement des vastes ressources qu’offre cette contrée à tous ses habitants. Elle doit être aussi convaincue que l’égalité politique est une condition indispensable à cette harmonie et à ce commun effort d’où dépend le bonheur de tous et que des avantages sectionnaires basés sur des fraudes électorales ne peuvent tourner comme ils n’ont tourné en effet qu’au détriment de ceux à qui ils sont destinés à servir de leurre et d’appât.

Sept années ne se sont pas encore écoulées et l’ordre de choses fondé sur une base injuste, donne déjà des sujets de plaintes aux hommes de toutes les origines, de toutes les croyances, de toutes les opinions, de toutes les localités. Partout le mal est tellement incontestable qu’il ne reste plus de prétexte pour calomnier ceux qui se déclarent mécontens. Il n’y a point de principes qui tiennent