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gouvernement impérial et ses agents. Des intrigues mercantiles, dénoncées dans la chambre des lords, dans ces termes mêmes, par lord Gosford, qui avait été le dernier gouverneur du Bas-Canada, contribuèrent aussi à la passation de l’acte du parlement-uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande, 3 et 4 Victoria, chapitre 35.

Par cet acte, deux provinces entièrement différente de religion, de langage, de lois, de mœurs, d’habitudes sociales et politiques, auxquelles on avait créé à dessein une existence séparée, furent réunies en une seule sans le consentement de l’une d’elles, et malgré l’opposition formelle exprimée par les 40,000 signatures apposées aux requêtes solennelles des habitants du Bas-Canada.

Que les états métropolitains se croient permis de se jouer des destinées de leurs colonies, qu’ils pensent, pouvoir y établir aujourd’hui un régime, et demain, un autre régime suivant que les phases de leur propre politique paraissent l’exiger ; la force seule peut leur garantir la durée de pareils arrangemens. Une société coloniale ou autre régulièrement constituée et reconnue par une longue existence politique ne saurait être contre son gré réunie à une autre société sans que cela constitue un de ces abus de pouvoir que rien ne saurait légitimer. Il est bien vrai que l’on a inventé le terme commode de fait accompli, pour pallier temporairement l’injustice, mais on a vu même après des siècles, le sentiment de cette injustice se réveiller ; tous les maux, toutes les misères, toute la corruption de la société attribuées à la violence première ; et le fait accompli, cité de nouveau au tribunal de l’opinion du monde civilisé.

Dans le cas présent tout a concouru pour rendre moins légitime un acte arbitraire de sa nature. Les détails de l’acte ont été aussi mauvais que son principe. La population du Haut-Canada, moins nombreuse d’un tiers a été douée d’une représentation égale à celle du Bas-Canada ; une liste civile permanente a été imposée à la législature rendant par là illusoire son contrôle sur le gouvernement ; une dette d’un million et demi contractée par et pour le Haut-Canada avant la réunion des provinces, a été portée sur le fonds consolidé de la Province-Unie, et la langue française de la majorité des habitants du pays, langue admirée de l’univers