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proportionné à la population du pays déjà considérable et qui s’accroît rapidement, » et il est instamment recommandé au comité « de prendre toutes les mesures qu’il croira propres à obtenir une représentation plus nombreuse et plus en rapport avec la population des diverses parties du pays. »

Un rapide coup-d’œil sur notre histoire politique et sur notre situation présente devra nous convaincre de la vérité de cette assertion et de l’urgence de cette réforme que nous n’hésitons point à déclarer indispensable au bon gouvernement, à la paix et à la prospérité de cette province.

Sous l’ancienne constitution du Bas-Canada, la majorité de l’assemblée législative représentait réellement la majorité des habitants ; mais une minorité très-petite, représentée dans la chambre par une minorité correspondante, formait exclusivement le conseil exécutif du gouverneur, exempt par-là même de toute responsabilité envers le peuple, composait de même presqu’exclusivement le conseil législatif, et se fesait gloire de gouverner en opposition constante aux vœux de la majorité des habitants du pays, tels qu’exprimés par la majorité de leurs représentants.

Ce système de gouvernement était poussé à un tel point que par ses résolutions et son adresse au Roi du 1er avril 1833, le conseil législatif avouait publiquement la mission de représenter les intérêts d’une minorité des habitants du pays, et que dans la session du parlement qui suivit immédiatement, ceux des membres de la chambre d’assemblée qui soutenaient l’administration prenaient le nom de « membres de l’opposition. »

Un état de choses à-peu-près semblable régnait dans le Haut-Canada, et le résultat de ce régime a été dans les deux provinces une insurrection partielle, à la suite de laquelle le Bas-Canada s’est vu privé du régime constitutionnel et électif, et livré franchement cette fois à une législature purement arbitraire, qui durait encore à l’époque où la chambre élective du Haut-Canada discutait et acceptait les bases d’une réunion législative des deux provinces.

Lord Durham, qui, dans cet intervalle avait été investi lui-même de cette autorité presque sans limites, déclara que cet état de choses n’était « qu’une subjugation temporaire et