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même n’avait point cherchée. Les conseillers, au contraire, prétendaient n’avoir insisté que sur le droit d’être consultés d’abord, d’être ensuite informés de la détermination du gouverneur après que celui-ci aurait pesé leur avis, libre à lui de ne pas le suivre, et libre à eux de ne pas accepter la responsabilité de sa décision, en ne demeurant pas au pouvoir. Ils affirmaient de plus « que la différence d’opinion entre le gouverneur et eux-mêmes n’existait point simplement en théorie ; qu’elle avait amené non-seulement des nominations à des charges contre leur avis, des nominations et des offres d’emploi, qui n’avaient été en aucune manière portées à leur connaissance qu’après que l’occasion de donner leur avis à cet égard eût été passée ; mais encore la détermination de la part de Son Excellence de réserver pour l’expression du plaisir de Sa Majesté un bill introduit dans le parlement provincial à la connaissance et du consentement de Son Excellence, comme mesure du gouvernement, sans informer les membres du conseil exécutif qu’il serait probablement réservé. Ils se sont trouvés (ajoutaient-ils dans le mémoire transmis au gouverneur en leur nom par M. Lafontaine) dans la situation anormale, d’après leurs propres déclarations et leurs promesses solennelles et publiques, d’être responsables de tous les actes du gouvernement exécutif au parlement, et en même temps privés non-seulement de l’occasion d’offrir leur avis relativement à ces actes, mais encore de la connaissance de leur existence jusqu’à ce qu’ils en eussent été informés par des voies privées et non officielles. »

De prime abord des hommes, qui n’auraient pas joui parfaitement de la confiance de la majorité du pays, auraient lutté avec désavantage contre la parole et les protestations du gouverneur ; et pour avoir fait leur devoir, ils auraient peut-être été punis par un vote défavorable dans l’assemblée législative. Comme au contraire, la majorité qui avait soutenu les ex-ministres pendant leur administration, l’avait fait par conviction et non par servilité, ils reçurent de cette majorité, après ce que l’on appelait leur disgrâce, un témoignage d’estime et de confiance que n’aurait certainement pas obtenu, dans de pareilles circonstances, un ministère fort seulement d’une ou deux voix de majorité, acquises et retenues par