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LA BOURDONNAIS DEMANDE LE CONCOURS DE DUPLEIX

de cette ville, dans un an d’ici tout sera relevé et Madraz sera plus fort qu’il ne l’est aujourd’hui. » La réponse de Dupleix mérite d’être rapportée ; il écrivait le 20 juillet : « Je ne puis vous dire, ni sçavoir à présent, le parti qu’il conviendra prendre sur Madraz, si vous avez le bonheur de vous en emparer ; les circonstances décideront de celui qui sera le plus convenable. Je vous ferai simplement la réflexion, que tandis que cette place subsistera, Pondichéry ne fera que languir, et que tout le commerce y tombera toujours. Il n’est pas suffisant de se contenter d’un avantage présent, peut-être incertain, il convient un peu de songer à l’avenir. Je ne suis point du tout du sentiment que cette ville étant démantelée puisse se rétablir en un an. Plusieurs années n’ont pu suffire à la mettre comme elle est. Les facilités et facultés sont actuellement bien moindres. »

Dans la lettre que nous avons déjà citée, La Bourdonnais avait donné un état exact de l’armement de sa flotte et avait réclamé de Dupleix qu’il lui fournît, de l’arsenal même de Pondichéry, tout ce qui lui faisait défaut. Il avait aussi demandé à Dupleix de lui procurer quarante-quatre canons de dix-huit, et quatorze de douze. Il n’était pas au pouvoir de Dupleix d’accéder littéralement à ces demandes, sans affaiblir d’une manière dangereuse les défenses de Pondichéry ; mais ce qu’il donna était plus qu’équivalent. Au lieu de quarante-quatre canons de dix-huit et quatorze de douze, il lui en envoya vingt-huit de dix-huit, douze de douze, et vingt-deux de huit, offrant de remplacer ceux qui ne seraient que légèrement endommagés. Il accompagna cet envoi d’une explication si franche et si courtoise, qu’il est surprenant que sa conduite, en cette occasion, ait pu donner lieu à quelque accusation[1].

  1. Après avoir démontré la nécessité que Pondichéry fût une place forte, sous les murs de laquelle les vaisseaux français pussent toujours trouver un refuge assuré, et après avoir indiqué l’accroissement d’ennemis maritimes qui pouvait résulter des chances d’une guerre avec la Hollande, Dupleix ajoute : « Cette augmentation d’ennemis, la seule chose que nous ayons à appréhender, doit me rendre plus circonspect à l’égard d’une ville aussi considérable dont la sûreté dépend entièrement des autres (le triomphe de la flotte française). Mille contretemps, auxquels les forces maritimes sont exposées, peuvent priver pendant longtemps Pondichéry des canons que vous desirez lui emprunter. Le ministre m’a donné l’ordre de vous aider, et j’obéis volontiers à des ordres si dignes de respect. Mais je ne puis me persuader qu’il soit dans ses intentions que je risque la sûreté de Pondichéry. Je crois, au contraire, et je me flatte qu’il sera plus satisfait que je la garantisse. Néanmoins, pour complaire à ses ordres et à vos de-