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il faut en le moins de mots à côté, vu que les mots sont la substance même employée ici à l’œuvre d’art, en dire l’argument).

Quelle représentation ! le monde y tient ; un livre, dans notre main, s’il énonce quelque idée auguste, suppliée à tous les théâtres, non par l’oubli qu’il en cause mais les rappelant impérieusement au contraire. Le ciel métaphorique qui se propage à l’entour de la foudre du vers, artifice évocateur par excellence au point de simuler peu à peu et d’incarner les héros eux-mêmes (juste dans ce qu’il en faut apercevoir pour n’être pas gêné de leur présence, bref le mouvement), ce spirituellement et magnifiquement illuminé fond d’extase, c’est, c’est bien le pur de nous-mêmes par nous porté toujours prêt à jaillir à l’occasion qui dans l’existence ou hors l’art fait toujours défaut. Musique certes que l’instrumentation d’un orchestre tend à reproduire seulement et à feindre ! Admirez dans sa toute puissante simplicité ou foi en un moyen vulgaire et supérieur, l’élocution, puis la métrique l’affinant à son expression dernière, comme quoi un esprit, qui se réfugia au vol de ces feuillets, défie la civilisation négligeant de construire à son rêve, seul motif qu’elles aient lieu, la Salle prodigieuse et la Scène. Le mime absent et finales ou préludes aussi par les bois, des cuivres et les cordes, il attend, cet esprit, placé au delà des circonstances, l’accompagnement obligatoire d’arts ou s’en passe. Seul venu à l’heure parce que l’heure c’est sans cesse aussi bien que jamais, à la façon d’un messager, du geste il apporte le livre ou sur les lèvres, avant que de s’effacer ; et l’être qui tint en soi l’éblouissement général, le multiple chez tous, du fait de sa communication.

La merveille d’un haut poëme comme ici me semble que, naissent des conditions pour en autoriser le déploiement visible et l’interprétation, d’abord il s’y