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Quant à moi je me réjouis, comme lettré, autrement.

À savoir que n’existe à l’esprit de quiconque a rêvé les humains jusqu’à soi rien qu’un compte exact de purs motifs rythmiques de l’être, qui en sont les reconnaissables signes : il me plaît de les partout déchiffrer.

Tenez que hors du récit fait à l’imitation de la vie confuse et vaste, il n’y a pas moyen de poser scéniquement une action, sauf à retrouver d’instinct et par élimination un de ces grands traits, ici non le moins pathétique, c’est l’éternel retour de l’exilé, cœur gonflé d’espoir, au sol par lui quitté mais changé ingrat, maintenant quelconque au point qu’il en doive partir cette fois volontairement, où ! enveloppant d’un coup dœil les illusions suggérées à sa jeunesse par le salut du lieu natal.

Tant on n’échappe pas, sitôt entré dans l’art, sous quelque de ses cieux qu’il plaise de s’établir, l’inéluctable Mythe : aussi bien vaut-il peut-être commencer par savoir cela et y employer la merveille de trésors, qu’ils soient documentaires ou de pure divination.

Stéphane Mallarmé