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tain éclat subtile, extraordinaire et brutal de véracité que contiennent ses becs de gaz mal dissimulés et aussitôt illuminant, dans des attitudes générales de l’adultère ou du vol, les imprudents acteurs de ce banal sacrilège.

Je comprends.


Vu le Crocodile.

M. Sardou à qui l’on sait une dextérité grande, est l’homme qui souvent me paraît, plus qu’aucun, offusquer de l’opacité vaine de ses fantoches la lumière éparse comme une frémissante pensée à l’ascension du rideau. Appuyant sur des moi de rencontre, nommément il en fait Monsieur un tel, Madame une telle et satisfait à la badauderie sans présenter, d’après la haute esthétique, plutôt d’essentielles figures. Tel, ce procédé manque son effet, à coup sûr ; j’ai noté que si on inflige au comédien, apte à revêtir seulement un caractère flottant, ajusté, quelque existence à la fois réele et gratuite, il veut que par un rien instinctif dans l’allure perce son individu, accolant lui-même comme le feront en le feuilleton les courriéristes, au nom du personnage, avec un trait-d’union moral, le sien. Aussi me suis-je intéressé à la remeur d’autre chose qu’une anecdote mise debout avec des airs insupportables de vraisemblance, mais (on a dit la comédie du naufrage) devant un pamphlet humain, donc autant un poëme que ce qui n’est pas le Vers : l’imagination retrouve là sa primauté dans un milieu, voulu intellectuel. Un glissement de musique pour remplir de sa tricherie, et c’est bien ! la différence qui, des costumes ordinaires jusqu’à ce que s’en efface le caractère civilisé, sépare l’atmosphère philosophique (ou la suite de morceaux par Massenet) : vous voyez