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DE
LA COMMUNE À L’ANARCHIE


CHAPITRE Ier.


À BORD DU « VAR ».


Les idées vont vite à notre époque : pour qui se reporte à quelque vingt ans en arrière, au lendemain de la guerre et de la Commune, la transformation dans les goûts, dans les opinions, dans les mœurs est grande, troublante même pour les timides. On s’essayait à balbutier le mot république, sans, du reste, rien entrevoir derrière, et voici qu’après la république, enlisée dans l’ornière bourgeoise et le socialisme, émasculé par ses propres chefs, l’anarchie, à son tour, entre en scène, non seulement dans le domaine spéculatif mais dans celui des faits. Les vieux jacobins, admirateurs minuscules des « géants de la Convention », sont descendus dans leur tombe ; les fougueux démocrates d’antan ont pris du ventre et de la sagesse ; les débris de la Commune, après avoir étonné le monde de leur courage et de leur foi, ne surprennent plus que par la petitesse ou le vide de leurs conceptions : pauvres astres, jadis rutilants, aujourd’hui éteints ! Ils n’ont cependant pas plus que d’autres, trahi ou renoncé à ce qui fut leur idéal et qu’ils défendirent ; seulement, le monde a marché.