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VII
PRÉFACE

qu’il l’a imaginé et qu’il en a fait usage pour exécuter ses surprenantes expériences.

A l’art de faire le vide se rattache, d’ailleurs, celui de raréfier et de condenser les gaz par des changements de pression ou de température ; en sorte que toute une nouvelle branche de Physique expérimentale s’élance des travaux de Pascal ; Boyle et son élève Townley ont déterminé la première poussée de cette branche ; Mariotte, Parent, Amontons en ont pressé le développement qui devait, un jour, aboutir à Gay-Lussac et à Victor Regnault.

Il ne suffirait pas, d’ailleurs, de regarder du côté de la Physique expérimentale pour apercevoir toute la végétation à laquelle les idées de Pascal ont donné naissance ; dans le champ de la Physique théorique, cette semence ne s’est pas montrée moins féconde. Pour expliquer, à l’aide de la pression atmosphérique, l’expérience du vif-argent, il a fallu préciser la notion de pression, éclaircir et coordonner les principes de l’Hydrostatique ; tel a été l’objet du Traité de l’équilibre des liqueurs, préface indispensable du Traité de la pesanteur de la masse de l’air. Mais de ce Traité de l’équilibre des liqueurs, on jugerait tout à fait à faux la nouveauté et l’importance si on l’étudiait isolément, en le détachant, comme un anneau que l’on brise, de toute la chaîne traditionnelle qui l’a précédé et qui l’a suivi. Comment apprécierait-on de quelle manière et jusqu’à quel point ce traité est original, si l’on ne recherchait avec soin ce qu’il a pu recevoir du très lointain Léonard de Vinci par l’intermédiaire de Gianbattista Benedetti, de Benedetto Castelli, de Galilée, de Torricelli et de Mersenne, si l’on ne notait j)oint ce qu’il a emprunté à Simon Stevin ? Comment, d’autre part, mesurerait-on la portée des principes avancés en cet écrit si l’on ne les suivait jusqu’au moment où ils donnent leurs conséquences, où ils produisent l’Hydrostatique de Bouguer et de Clairaut, celle d’Euler, de Lagrange et de Laplacc ?

Qui donc oserait, dès lors, prendre une à une les propositions d’un tel traité et affirmer, avec une tranchante assurance, que cette vérité-ci est de Pascal, que celle-là n’est pas de lui, mais de tel autre ? Quelle vue serait assez perçante et assez sûre pour séparer ce que Pascal a fait jaillir de son merveilleux génie de ce que lui ont suggéré la lecture de Galilée ou de Stevin, les conversations du P. Mersenne, les objections de Descartes ou