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ſuſceptibles de plus & de moins. Ce ſont donc les preſomptions, le préjugé de l’autorité, & les engagemens antérieurs qui ſont aujourd’hui le plus grand obſtacle à la réunion des Eſprits ; & je ſuis fort trompé, ſi un bon Livre de Préjugés légitimes, comme celui qui parut dans le ſiécle dernier, ſur un Schiſme de toute autre conſéquence, ne ſeroit pas ce qu’il reſte de plus utile à faire ſur les Forces Vives.

Tout au moins faudroit-il qu’on ne ſe remplît pas tant du mérite & de la réputation de ce Sçavant, ou de cet autre, qui défend l’opinion Leibnitiene avec ardeur, ou qui s’obſtine à la rejetter. Car ſans toucher à des ſources d’illuſion plus délicates, je vois que l’autorité mal entenduë, & qui ſe gliſſe ici mal à propos, y jouë un furieux role. Où eſt-elle cependant cette autorité, & de quel côté ferons-nous pancher la balance ? M. Leibnits étoit un grand homme ; oüi, ſans doute. Mais M. Newton lui cede-t’il ? Et dans un Examen tout Mathematique ou Phyſico-mathematique, avoit-il une moins forte tête pour bien juger ? L’Allemagne eſt une Nation féconde en grands Sujets. Refuſerons-nous