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donc qu’il n’eſt pas prêt à ſe rendre, j’oſe vous en répondre. La difficulté du temps demeure dans ſon entier, elle entre & entrera éternellement dans tous les effets dont vous voudriez bien la chaſſer, cette difficulté, qui vous fait ajouter la parantheſe, ſi c’en eſt une ; oüi, Madame, c’en eſt une bien diſtinctement, & dont on ne ſe tirera jamais. Le temps n’eſt rien, dit-on, & la vîteſſe eſt tout ce dont on a ici beſoin. Souffrez que je vous diſe au contraire, que le temps eſt tout, & que la vîteſſe n’eſt rien, ou que ce n’eſt autre choſe qu’une dénomination abregée de l’eſpace parcouru diviſé par le temps employé à le parcourir.

Ce temps eſt en effet embarraſſant, & il eſt cauſe qu’on procede ici par une méthode bien oppoſée à celle que la bonne Philiſophie & la ſaine raiſon ont dictée dans tous les ſiécles ; qui eſt de ne point paſſer aux cas difficiles, & compliqués de circonſtances étrangeres, avant que d’avoir ſçu à quoi s’en tenir ſur les cas les plus ſimples.

Je vois, & je ne puis, Madame, vous le diſſimuler, c’eſt la méthode des exemples compoſés, que vous vous êtes per-