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vastes propriétés foncières, exerçant sur leur entourage une autorité despotique, et ne perdant rien, avec le temps, de leur férocité altière et de leur orgueil effréné. Quelque jour, souhaitons-le, se lèvera un autre Rudyard Kipling qui nous peindra dans son entière originalité le tableau de cette société naïre du Malabar et du Coorg. Mais cet écrivain de choix devra pénétrer dans des pays inhospitaliers entre tous ceux de l’Inde brahmaniste, où la porte de l’habitation est close pour l’étranger, où les domaines s’entourent de fossés à remblais qui prêtent à chacun d’eux l’aspect d’un camp retranché. Et des armées de serviteurs fanatiques veillent derrière ces levées de terre rouge pour éloigner du maître le contact de l’homme de basse caste, pour lui épargner jusqu’à la vue du paria…

Les radjpoutes du Carnate n’empruntent point des espèces aussi redoutables. Pauvres diables toujours entre deux verres de brandy ou d’arack, ils subsistent le plus souvent grâce aux artifices d’une mendicité noblement exercée dans ces villages où jadis, suivant une rumeur publique à laquelle ils n’opposent aucun démenti, leurs pères régnaient en maîtres incon-