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lions, chaîne d’or à l’entrave desquelles M. Sarmange a tendu les bras. Mais, il ne peut pressentir l’étendue de la catastrophe qui le menace. Le retrait des vingt-cinq millions ne sera que la chose destinée àdéclencher le mécanisme infernal. Après la ruine viendra le déshonneur.

— C’est atroce ! gémit Violette.

— Du danger, je sais qu’il existe sans connaître l’enchevêtrement de la trame. J’ignore tout de l’art perfide des spéculations, des pièges où l’on peut entraîner, sans qu’il s’en doute, l’ennemi qu’on veut perdre. Il y a un secret. Je le saurai ce soir.

— Oui vous l’apprendra ?

— Celui qui m’a donné l’alerte. Tout homme a des ennemis. Tout traître est guetté par un traître. Qu’importe que celui qui veut me livrer le nôtre soit méprisable ? Il faut sauver votre père.

— Il le faut, Roland !

— Il y a quelque temps, j’ai reçu d’un employé de Borsetti, une lettre ambiguë, m’offrant sur l’associé de votre père des renseignements confidentiels qui m’intéressaient. J’ai déchiré la lettre. Mais, d’autres sont venues, plus pressantes, plus précises aussi. Il y était question de votre père, de vous, des projets de Pasquale Borsetti, de ses machinations. J’aurais voulu m’en ouvrir à M. Sarmange. Mais, à ce moment, je remarquai dans ses manières envers moi un étrange changement.

— Hélas !

— Il m’apparut soucieux. J’eus l’intuition d’une influence agissant hypocritement, l’inquiétant, l’écartant de moi ; je devinai la sape dont parlaient les lettres et, malgré ma répugnance, j’écrivis au mouchard. Je considérai que c’était mon devoir.

— Et alors ?

— Il demanda de l’argent. Ceci n’était rien. Je payai et promit ce qu’il voulut. Il dévoila son plan, sa contre-mine. Devais-je refuser ses services ? Il se fit fort non seulement de m’apporter les preuves des agissements de Borsetti, mais encore de me fournir des ar-